Notes de lecture: Apocalypse cognitive de Gérald Bronner

Notes de lecture.

Lecture audio de Apocalypse cognitive, un essai du sociologue Gérald Bronner. Disponible sur pretnumerique.ca. Gratuit. Incroyable cette gratuité du savoir. Je vais demander la version papier en cadeau de Noël. Un livre que je risque de vouloir reconsulter.

Une excellente lecture, qui s’écoute très bien, d’une grande limpidité.

Bronner défend la thèse que l’évolution de la culture tend à libérer du temps d’attention, du temps cognitif. L’automatisation ou l’élimination de tâches libère du temps d’esprit permettant l’évolution culturelle elle-même. La technologie récente promet de libérer encore plus de temps, mais que ferons-nous de ce temps?

Bronner a un atout dans sa manche: il connait remarquablement bien ce qu’il appelle les invariants cognitifs de l’être humain. Il analyse ainsi finement ce que dévoile au grand jour les comportements sur la toile. Les invariants, que l’on nomme autrement des biais cognitifs, sont des marqueurs d’intérêts persistants dans le comportement humain. L’analyse des données de consommation des utilisateurs des réseaux sociaux dévoile ces comportements préférentiels invariants sur de grandes population, dans un contexte qui favorise la manipulation des croyances collectives.

Un bel éventail d’études citées, provenant de sciences sociales variées.

Je signale la grande précision de la prose de Bronner. Il va droit au but. Ce n’est pas un penseur qui se met en scène. C’est un penseur sobre, qui n’aime pas décider du futur, qui ne donne pas de trucs pour s’en sortir. C’est un pessimiste qui n’aperçoit pas d’horizon enchanteur. Cela peut décourager, pour ma part, j’ai trouvé cela rafraichissant. Qu’on ne veuille pas m’asséner une morale, une manière de réagir. Le but est vraiment d’alerter, sans assortir d’un programme militant. Les forces en présence sont tellement immenses, et je parle ici d’instincts millénariaux inscrits dans la nature humaine. Ces instincts se battent entre eux et colonisent tout espèce d’objets culturels ou technologiques. Et nous avons tendance à nous aveugler à leur sujet. La manifestation la plus patente est ce rêve maintes fois reformulé de l’«homme nouveau». Bronner par d’anthropologie naïve que de croire que l’homme n’est qu’un pâte informe sur laquelle nous pouvons tout imprimer. On parle aussi de socio-constructivisme.

À gauche les utopies, à droite les complots. L’analyse embrasse large.

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Bronner accuse Chomsky de cherry-picking. Mais qui peut vraiment échapper à cette accusation? Le peut-il lui-même? N’a-t-il pas lui-même choisi les arguments qui l’avantagent? Cela fait partie du raisonnement, de la parade logique : on fait valoir ce qui nous avantage.

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Chez Nietzsche, la technologie est un impensé. À investiguer.


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